« Le mal peut être à la fois banal et extrême. Seul le bien est radical. »

Née en Allemagne, dans une famille juive laïque et cultivée, Hannah Arendt étudie la philosophie, la théologie et la philologie. Elle assiste notamment aux cours de Martin Heidegger qui exercera une profonde influence sur sa vie intellectuelle et personnelle. En 1933, inquiétée par la Gestapo, elle quitte l’Allemagne nazie pour la France, où elle aide notamment de jeunes juifs à émigrer en Palestine. Elle parvient à atteindre les États-Unis en 1941, et s’installe à New York. Elle sera naturalisée en 1951. Elle écrit pour plusieurs journaux et, en 1951, publie son ouvrage majeur, « Les Origines du totalitarisme ». Elle enseigne également les sciences politiques dans des universités prestigieuses. Paraissent en 1958 la « Condition de l’homme moderne », puis en 1961 « La Crise de la culture ».
À partir de 1961, elle est chargée par le « New Yorker » de couvrir le procès du nazi Adolf Eichmann. Les articles qu’elle publie et le livre tiré de ses réflexions, « Eichmann à Jérusalem » (1963), déclenchent une vive polémique jusque dans la communauté juive. La philosophe y développe son concept de  »banalité du mal », selon lequel cet homme est un simple rouage qui n’a fait qu’obéir au système nazi. Elle devient en 1963 professeure titulaire à l’université de Chicago, puis à la New School for Social Research de New York en 1967. Son dernier ouvrage, « La Vie de l’esprit », est publié de manière posthume en 1978.
Difficile de résumer la ‘philosophie’ d’une penseuse « hors catégories » qui a contribué à ébranler le monde purement réflexif des sciences politiques. Selon Arendt, l’humain est bafoué par le totalitarisme ; C’est dans le faire, dans l’agir, dans ce qu’elle nomme la vita activa, qu’il faut appréhender ce qui constitue l’essence même de l’homme. Cette vita activa revêt trois formes : le travail, l’œuvre et l’action. Ce que le travail produit vise à assurer notre survie biologique. Par l’œuvre, l’homme va au-delà en construisant son propre monde. L’action politique franchit un autre cap en mettant les hommes en relation entre eux dans un monde commun. Et c’est elle qu’il convient de réhabiliter contre toute une tradition philosophique qui a, jusqu’à nos jours, subordonné la vie active à la vie contemplative.

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