« Elles ne comprenaient donc rien ? La vie était shakespearienne, admirable et tragique, et elles la rabaissaient à plaisir. Un monde s’effondrait, n’était plus que décombres et ruines, mais elles ne changeaient pas. Créatures inférieures, elles n’avaient ni héroïsme ni grandeur, ni foi ni esprit de sacrifice. Elles ne savaient que rapetisser tout ce qu’elles touchaient, à leur mesure. »
(« Suite française »)

Irène Irma Némirovsky est l’une des autrices d’expression française les plus reconnues du XXe siècle.
Elle naît à Kiev, dans l’Empire russe, le 11 février 1903 au sein d’une famille aisée et atypique : son père, un juif d’origine pauvre, fait fortune dans la finance avant d’épouser la cultivée Anna Margoulis.
Les personnalités complexes de ses parents, leur mariage malheureux et ses relations tendues avec sa mère ont eu sur l’autrice une influence non négligeable, autant que l’antisémitisme dont souffre sa famille, pourtant privilégiée.
En 1917, les Némirovsky fuient la Révolution et s’installent en France en 1919 après un séjour en Finlande et en Suède où la jeune Irène commence à écrire.
Dès ses premières nouvelles, le tragique et l’angoisse côtoient l’humour malicieux et son sens aigu de la dérision.
Après plusieurs années de vie insouciante, Irène Némirovsky épouse Michel Epstein en 1926 et se concentre sur sa carrière littéraire. Très vite, elle publie ses premiers romans chez Arthème Fayard, « Le Malentendu » et « L’Ennemie », puis ses nouvelles « L’Enfant génial » (écrit en 1923) et « Le Bal ». Son premier roman de grande envergure, « David Golder », est publié en 1929 chez Grasset et rencontre un grand succès commercial et critique.
Il est traduit dans le monde entier et adapté au cinéma et au théâtre. Irène Némirovsky devient alors non seulement l’une des autrices les plus reconnues de son temps, mais aussi l’une des rares à vivre de sa plume, bien que les dépenses grandioses du couple engloutissent la plupart de ses revenus, pourtant conséquents. Autrice prolifique, elle écrit nombre de romans, nouvelles, scénarii et critiques, comme « L’Affaire Courilof », « Un déjeuner en septembre », « Le Vin de la solitude » et « Les Chiens et les Loups ». Face à la montée de l’antisémitisme en Europe, le couple demande la nationalité française, qu’ils n’obtiendront pas malgré les appuis importants et prestigieux dont ils bénéficient.
Pour tenter de se protéger, la famille se convertit au catholicisme en 1939. Réfugiée à Issy-l’Évêque avec son mari, Irène Némirovsky commence son plus grand roman, Suite française, et continue de publier sous pseudonyme.
Elle est arrêtée en juillet 1942 et décède à Auschwitz du typhus un mois plus tard, le 19 août. « Suite française », sauvée par Denise, fille aînée d’Irène Némirovsky et Michel Epstein — gazé à son arrivée à Auschwitz le 6 novembre 1942 — est publié à titre posthume aux éditions Denoël en 2004 et reçoit le prestigieux prix Renaudot.

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