Danseuse et chorégraphe américaine d’origine irlandaise, Isadora Duncan naît à San Francisco où sa mère, abandonnée par son époux, fait vivre ses quatre enfants en donnants des leçons de piano. Dès l’enfance, elle baigne dans une atmosphère bohème, partagée entre difficultés matérielles et une quête passionnée de connaissance des arts. En 1895, elle fait ses débuts de danseuse dans des comédies musicales, mais se sent portée par une exigence artistique qu’elle ne parvient pas à exprimer. Elle s’embarque en 1900 pour l’Europe, où elle jouit d’un prodigieux succès quelques années plus tard, multipliant les récitals dans toute l’Europe jusqu’en Russie. Entourée d’une cour d’admirateurs, elle mène une vie mouvementée. Elle a une fille du metteur en scène Edward Craig, puis un fils du millionnaire Paris Singer, mais ses deux enfants en 1913 dans une tragique noyade. En 1924, elle rentre seule en France, continue sa vie errante et meurt brutalement en voiture à Nice en 1927, étranglée par son écharpe enroulée autour d’une de ses roues. Exaltée, fantasque et contradictoire, Isadora Duncan est une personnalité complexe. Sa soif de liberté et d’indépendance l’écarte du mariage, mais les contraintes matérielles et la dépendance affective la conduisent à se lier à des hommes assez riches pour financer ses entreprises artistiques. Son rêve d’une Grèce source des arts est assorti d’un mépris absolu pour les « primitifs ». Avec ses idées révolutionnaires et utopistes souvent naïves, sa détermination et son charme, elle séduit la haute société européenne et rencontre nombre d’artistes. Elle inspire notamment Rodin, Bourdelle, Maurice Denis. Son apport essentiel à la danse est la rupture avec la construction d’un corps idéal(isé) et l’acquisition d’une technique virtuose, fondements de la danse classique. En revendiquant la création de sa danse à partir de son propre corps et en rapport constant avec son histoire, elle pose un des éléments fondateurs de la danse moderne. En recherchant des mouvements simples, dans un rapport panthéiste avec la nature, elle ouvre la voie à un mode d’expression chorégraphique qui rompt avec les établis. Enfin, elle sidère le public en affichant, dans un registre poétique, une sensualité alors  réservée aux spectacles de second ordre. Intuitive, inspirée et sculpturale, elle interprète pieds nus, vêtue  de légère tuniques, devant un rideau bleu, des danses où le jaillissement, la fluidité et la spontanéité des mouvements s’organisent en symbiose avec la musique. Son choix se porte sur des musiques non écrites pour la danse, souvent des œuvres romantiques ou des extraits d’opéras. Avec sa sœur Elizabeth, elle ouvre plusieurs écoles : la première en 1905 à Grünewald, suivie de celles de Darmstadt, New York, Moscou, et enfin Meudon en 1913. Conformément à son idéal d’un art pour tous, les leçons y sont gratuites, ces entreprises étant financées par ses tournées et de généreux mécènes. Six de ses jeunes élèves, appelée « Isadorables » par le critique Fernand Divoire, la suivent d’école en école et participent à ses spectacles. Devenue une figure mythique de la danse moderne, Isadora Duncan a encore aujourd’hui de nombreux adeptes, et inspire des œuvres en forme d’hommage à des chorégraphes à des chorégraphes comme José Limón, Frederick Ashton ou Maurice Béjart.