Née en métropole d’un père guadeloupéen et d’une mère originaire du Gers, Sarah Ducados choisit le nom d’artiste « Maldoror » en hommage au poète Lautréamont. Avant de devenir LA pionnière du cinéma panafricain, elle débute sa carrière au théâtre à Paris, en 1956, cofondant avec les artistes africains et antillais – Ababacar Samb Makharam, Toto Bissainthe, Timité Bassori – la première compagnie théâtrale noire : « Les Griots » afin de s’offrir des rôles qu’on leur refusait et faire connaitre les auteurs noirs.
Auteure de plus d’une quarantaine de films de fiction et documentaire, elle se forme au cinéma à Moscou, au début des années 1960. Elle part ensuite s’installer en Algérie où elle fait ses premiers pas comme assistante sur « La Bataille d’Alger » de Gillo Pontecorvo. Elle réalise son premier film en 1968 en collaboration avec son compagnon, Mário Pinto de Andrade, poète et cofondateur du Mouvement Populaire de Libération de l’Angola, « Monangambée », film sur la torture et, de façon plus large, sur l’incompréhension entre colonisés et colonisateurs, pour lequel elle obtient le prix de la meilleure réalisatrice aux Journées Cinématographiques de Carthage en 1970.
En 1972, elle tourne son premier long métrage de fiction en République du Congo : « Sambizanga » qui raconte la répression de militants avant la création du Mouvement de Libération de l’Angola du point de vue d’une femme partie à la recherche de son mari, arrêté et torturé.
Cinéaste féministe engagée, elle est connue comme la porte-parole au cinéma des militants africains en lutte contre l’oppression, le racisme et la colonisation. Ses films dénoncent, parfois avec humour, les conditions de vie des minorités exploitées, ou invisibilisées.
Passionnée de culture et de poésie, elle filme également des portraits de personnalités, les poètes Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas et Louis Aragon ou bien les artistes Miro ou la colombienne Ana Mercedes Hoyos.
Son œuvre est le reflet d’une vaillante combattante, curieuse de tout, généreuse, irrévérencieuse, soucieuse de l’autre qui porta glorieusement le poétique au-delà de toutes frontières.
Quelques œuvres :
Sambizanga, 1972 : https://www.youtube.com/watch?v=vJoYNJMVMr8
Un homme une terre (entretien avec Aimé Césaire), 1977 : https://www.youtube.com/watch?v=V8jX3N-mvY4
Et les chiens se taisaient (sur une pièce d’Aimé Césaire, coréalisé avec Bernard Favre et Vincent Blanchet), 1978 : https://images.cnrs.fr/recherche?direct-query=sarah%20maldoror
La Tribu du bois de l’É, 1998 : https://www.youtube.com/watch?v=fOo0pivpQ5Y
Autres ressources :
https://www.cnc.fr/cinema/actualites/deces-de-sarah-maldoror-pionniere-du-cinema-panafricain_1154672
http://africultures.com/personnes/?no=4156
https://www.liberation.fr/cinema/2020/04/14/sarah-maldoror-la-clef-des-chants_1785191/
Cinélatino – Sarah Maldoror, cinéaste politique et poétique, 2020 :
http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_auteur_liste/13660