Charlotte Perriand sort diplômée de l’Union centrale des arts décoratifs en 1925. Lorsqu’elle commence à exercer, la période est à l’art nouveau. Mais l’architecte se place rapidement contre l’académisme et les conventions de l’art, incarnant pour beaucoup le combat des avant-gardistes. C’est une inventeuse, une moderne, qui introduit l’industrie dans l’art et participe à la révolution du statut du design.

Elle se fait connaître à 24 ans lorsqu’elle expose en 1927 son « Bar sous le toit », meublé en acier chromé et aluminium anodisé. La presse est fascinée par cette jeune architecte créative et résolument moderne. Le Corbusier, référence en termes d’architecture à l’époque, se rend à l’exposition et l’embauche sur le champ. Commence alors pour Charlotte une collaboration d’une décennie avec celui qui lui avait annoncé « Ici, on ne brode pas de coussin » lors de leur première rencontre. Pendant dix ans, elle se chargera du mobilier et de l’équipement. Elle apporte ainsi à l’architecture d’intérieure et à la vision de Le Corbusier son humanisme, plaçant l’humain, le sujet, au cœur de ses créations. L’un de ses modèles les plus marquants de cette époque est la chaise longue LC4, longtemps attribuée à Le Corbusier, et aujourd’hui considérée comme une création édifiante du design moderne.

En 1940, Charlotte Perriand se rend au Japon et y restera deux ans. Ce qu’elle y voit influencera largement son approche du design, et elle souhaitera désormais reproduire l’harmonie que l’habitat traditionnel japonais permet entre l’humain et son environnement. A partir de 1955, Charlotte Perriand co-assurera la direction artistique de la Galerie Steph Simon à Paris où ses travaux sont exposés. Enfin, en 1993, elle créera L’espace Thé de l’Unesco, inspiré par les pavillons de thé japonais. Ces années de création seront marquées par son engagement politique et socialiste, son rapport à la ruralité, sa considération de l’environnement et son analyse de la société contemporaine du 20ème siècle, marquée par le totalitarisme et deux guerres mondiales. Elle a notamment co-fondé l’Union des Artistes Modernes (UAM) en 1929, mouvement ayant pour volonté d’exploiter de nouveaux matériaux et nouvelles techniques pour servir une vision moderne et fonctionnaliste des arts décoratifs, à l’encontre de l’académisme des Salons officiels.

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