La coquille et le clergyman, 1928.

« Le cinéma n’est pas un art pour exprimer des actes purement extérieurs, mais pour visualiser les moindres nuances de l’âme, dans sa vie intérieure »

Germaine Dulac n’a pas seulement travaillé l’image afin d’ériger le cinéma au rang d’art, elle a aussi compris très tôt la portée éducative de ce nouveau média.

D’abord journaliste à « La Française », où elle s’illustre notamment dans les portraits féminins et la critique de théâtre tout en défendant le droit de vote et l’émancipation financière de son sexe, elle découvre par hasard la mise en scène en accompagnant une amie sur le tournage d’un film. En 1915, son premier film « Les Sœurs ennemies » se distingue par la qualité de ses images. On oublierait presque que ce film est aussi une révolution par son sujet, à savoir des femmes qui s’affranchissent des hommes.

Elle travaille alors différents procédés artistiques novateurs : flous, surimpressions, ou encore successions d’accélérés et de ralentis. En pionnière, elle réalise le premier film surréaliste de l’histoire du cinéma, La Coquille et le Clergyman. Le scénario, signé Antonin Artaud, raconte les frustrations sexuelles d’un jeune curé. Pourtant, le scandale portera non pas sur l’histoire mais sur le manque de compréhension envers les images tournées par la cinéaste. Consciente de la dimension éducative des films projetés, elle est à l’origine de la création des ciné-clubs en France.

Elle se consacre ensuite aux documentaires d’actualités avant d’abandonner la caméra pour devenir directrice adjointe des Actualités Gaumont. Véritable touche-à-tout cinématographique, Germaine Dulac peut aussi être considérée comme la première réalisatrice de clip vidéo : elle sera la première à mettre des images sur des chansons populaires, en particulier celles de Fréhel. En 1930, l’Amiénoise réunit deux chansons de cette artiste de l’entre-deux-guerres pour créer « Celles qui s’en font », un film de 6m40 délivrant message féministe à l’image de son engagement inépuisable pour cette cause.

 

« Distraire n’est pas l’unique but du cinéma. Il instruit, il éduque, il propage. Par la grande souplesse de son expression, il saisit aussi bien les secrets de la germination d’une plante que les moindres impressions d’un aviateur en plein ciel. Il peut, et c’est là son but supérieur, développer le rêve (côté artistique), préciser les faits exacts (côté scientifique et éducateur) et susciter, dans l’un ou l’autre cas), l’émotion ou la réflexion »

germaine dulac

En savoir plus